A Paris, vers la fin des année 70. Une jeune femme se heurte aux méthodes de tout un milieu âpre et cruel...
............................
.............................
À Saint-Germain-des-Prés, j’élevais toujours un regard vers le clocher puis reprenais avec hâte la rue Bonaparte, la rue Jacob, la rue des Saints-Pères avec ses appels d’air, la rue de Lille.
Le hall de l’immeuble ressemblait à celui d’un château : le damier noir et blanc du sol, la grande porte vitrée, les premières marches en marbre
blanc, puis l’escalier avec sa rampe vernie aux courbes souples, son tapis rouge et ses fenêtres aux vitraux colorés. Je m’arrêtais au troisième étage, devant la porte gris perlé, à double
battant. La clef glissait dans la serrure…
La longue avenue des Champs-Elysées rayonnait sous le tissage d’or de l’automne. Hautaine, la place de la Concorde trônait dans la mélancolie de sa solennelle beauté. La pierre et l’eau se cuivraient de rose. Un sang glacé coulait dans mes veines. L’âme à l’envers, j’errais à la façon d’un somnambule. Je ne sentais plus mes jambes ni n’entendais les feuilles craqueler sous mes pas. Les sons s’éloignaient. Les pensées se réfugiaient dans l’indifférence résolue. Et dans le lointain, les arches des ponts courbaient l’échine sous la pierre grise et mauve. La Seine coulait immuable.
Les feuilles dorées inscrivaient l’automne au fond de notre
cœur et mon père au plus profond de la terre. Réunies par le sentiment insolite de l’ailleurs, sans mot, notre regard lissait la pierre tombale dans l’incohérence d’une vie qui se
terminait là...
....Je détestais le cimetière du Père-Lachaise. Promeneurs fugitifs, visiteurs des défunts. Les têtes s’inclinaient. Prières humides, roses blanches et chrysanthèmes… Dieu se
taisait.
.............................
Le soleil rouge s’était couché depuis longtemps sur le sombre zigzag des toits et des antennes. Paysage incertain de marée trempé d’encre violette…